Le COVID 19 ou le dilemme du tramway

Depuis le 11 mai, nous sommes officiellement déconfinés ! 

Tous les jours, en regardant les JT qui dénombrent, mettent en statistiques, supputent, voire tergiversent, je m’interroge sur les conséquences à moyen et long terme, que ce confinement de deux mois pourrait avoir sur notre économie, et davantage, si nous devions être à nouveau confinés. Le chômage a augmenté de 7%, dû au chômage partiel, notre PIB est entamé de 6%.. 

  Comment, de ce désastre imprévisible, notre chère économie panserait ses plaies ? 

L’angoisse monte, si nous commençons à nous interroger sur la capacité de la France à maintenir les emplois, ces PME, TPE, artisans, commerçants dûment impactés par le manque d’activité et par conséquent, serons-nous tous en mesure de garder nos maisons, de nous habiller, et de subvenir à terme, à nos besoins premiers? Cette crise sanitaire nous a plongés nous, en tant que citoyens, dans une incertitude, tout comme les gouvernements... 

Alors un matin, je me suis posée la question: Qu’aurais- je fait si j’avais été à la place de Monsieur le Président de la République? En ayant les mêmes armes, aurais-je confiné? Quelles décisions auraient été nécessaires et que ferais-je maintenant, alors même que le virus est encore présent? 

Nous en avons tous parlé, ou lu sur les réseaux sociaux, nous aurions dû faire ceci ou cela. 

Néanmoins ce qui transpire de cette crise, c’est que nous aurions dans tous les cas, eu la nécessité de faire un choix . 

Par étymologie, le choix est l’acte de discerner. Mais comment choisir quand nous n’avons pas tous les tenants, les aboutissants et que nous avons des ressources limitées? 

Devrions nous réellement déconfiner au risque de mettre 1% de notre population en danger de mort? 

Ou devrions nous être de nouveau confinés, au risque de mettre définitivement en péril notre tissu économique, et ainsi mettre en danger de mort les personnes travaillant, car cela causerait inévitablement une vague de suicides, des personnes malades ne pouvant plus se soigner… 

 Ce choix cornélien m’a rappelée une expérience que j’avais vue durant mes études de psychologie : Le Dilemme du tramway.  

Le Dilemme du tramway est une expérience de Philippa Foot datant de 1967. Ce dilemme, dans sa version originale, demandait à une personne de se mettre dans la peau d’un conducteur, qui voit son tramway devenir fou. Celui-ci, privé de ses freins, se dirige inextricablement sur 5 personnes présentes sur la voie. Néanmoins, le conducteur a la possibilité de changer l’embranchement du tramway. Mais problème! Sur l’autre voie, il y a également une personne présente.

D’autres dérivés de ce dilemme, devenu une question d’éthique, se sont posés avec la présence d’un pont et d’une personne avec vous, que vous pouvez jeter sur les voies pour arrêter le tramway, l’empêchant ainsi de heurter les 5 personnes. 

Cette expérience de pensée a finalement, été au centre de beaucoup de débats depuis quelques mois: Dans les services de réanimation, qui devait vivre ou mourir?.. Pour notre gouvernement, sacrifions-nous notre économie ou notre population? Finalement, elle interroge les éventualités de sacrifice d’une personne pour en sauver plusieurs. 

La réponse que nous pourrions amener aux propositions faites dans cette expérience, interroge notre humanité, en tout cas « le vernis fragile d’humanité » que nous pouvons avoir. Cette même humanité, qui est censée nous empêcher de nous entre-tuer, lorsque des événements catastrophiques nous incitent à tomber au coeur des ténèbres pour survivre.

En temps normal, ce genre de choix stratégiques mais légèrement inhumains, ne sont pas nécessaires, car dans notre société, des arbitrages ont été mis en place, laissant le choix à des statistiques comme la liste de greffes. 

Pourtant, nous avons déjà vu dans notre histoire, ce choix impossible à faire: Du qui doit vivre? Qui doit mourir?, installant un doute irrémédiable sur notre capacité à effectuer des actions, qui laissent des traces blessantes sur nos vies, comme avec le Titanic ou La liste de Schindler. 

De ce confinement, il serait peut être bon de regarder ce qui a fait grandir un peu plus notre humanité, plutôt que ces choix impossibles, laissant un goût amer de honte, de colère et de tristesse. Nous pouvons bien évidemment regarder les soignants, qui ont continué de se donner corps et âme, de regarder ces couturières dévouées aux masques, et d’autres encore qui ont peut être été moins exposés mais qui ont travaillé dans l’ombre pour notre salut. 

Il est sûr que présentement, et je suis certaine que vous me donnez raison, je ne souhaiterais pour rien au monde, être à la tête d’un état, et prendre ces décisions si lourdes de conséquences, tout en me disant, très égoïstement: Aujourd’hui, faire un choix dans ma vie me paraîtra peut être plus facile, car finalement, ce qui sera enjeux, ne sera en aucune façon, une vie. 

Recherche Dilemme du tramway 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Dilemme_du_tramway

https://laviedesidees.fr/IMG/pdf/20160129_leichterflack.pdf