Les livres, un art de vivre thérapeutique

L’année 2020 a débuté sur les chapeaux de roues : Grèves, gilets jaunes, virus, confinement et tentatives de reprises économiques et tout cela avant le mois de juin. L’envie irrépressible de se mettre dans une grotte et de ressortir quand les jours seront meilleurs, peut être tentante. 

Dans les différents moments de ma vie, qu’il fasse beau ou mauvais temps, j’ai toujours eu de grands auteurs comme amis. Toujours un livre à la main, je sais que certains d’entre eux m’ont  aidée pour traverser les aléas de la vie, en me permettant de me décentrer de mes problèmes, en me faisant comprendre les fonctionnements du monde ou de l’univers, en me faisant voyager lorsque je me trouvais emprisonnée. Alors, quoi de mieux que d'écrire un article sur ces grands amis que sont les livres?.. 

Les livres, depuis la Grèce Antique, sont connus pour leurs vertus curatives. Epictète, Platon, Epicure partaient du principe que la connaissance, la lecture notamment philosophique, permettait de garder une bonne santé mentale.

Par la suite (malheureusement), il va falloir attendre quelques siècles avant qu’ils puissent de nouveau soigner. Les livres vont devoir se démocratiser, grâce à l’imprimerie de Gutenberg, sortir de leur contenu liturgique et ainsi s’ouvrir au plus grand nombre, en donnant du contenu utile aux individus, comme avec l’encyclopédie de d’Alembert et Diderot, et n’oublions pas l’apprentissage de la lecture grâce à l’école, qui ne deviendra obligatoire qu’en 1882 par la loi Jules Ferry. Je pense qu’il y a une autre révolution à ne pas sous-estimer, celle du format. Il faudra attendre le début du 20° siècle pour que le petit format égrène, au gré de ses pages, tous les grands auteurs et non plus, seulement des pamphlets ou des critiques institutionnelles. 

Par conséquent, c’est au début du XX° siècle que le livre commence à prendre sa dimension de soigneur à part entière. Proust, dans son œuvre "Sur la lecture", va expliquer que dans les cas d’états dépressifs, la lecture permettait une remise en action de l’esprit.

Durant la Première Guerre mondiale aux Etats-Unis, il sera même utilisé sur des combattants afin de lutter contre les symptômes de stress post-traumatique. 

Peu à peu, le livre va s’imposer comme un outil thérapeutique à part entière: la Bibliothérapie. 

“La bibliothérapie est l’utilisation d’un ensemble de lectures sélectionnées, en tant qu’outils thérapeutiques en médecine et en psychiatrie, et un moyen pour résoudre des problèmes personnels par l‘intermédiaire d’une lecture dirigée”.

Vous me direz quel est l’intérêt réel du livre dans un travail thérapeutique si je peux le faire moi-même? Je vous répondrai que cela dépend de plusieurs facteurs. L’accompagnement avec un thérapeute, et c’est ma conception des choses, est avant tout une rencontre d’humain à humain, de vécu à compréhension, de neurones miroirs à neurones miroirs, néanmoins un travail thérapeutique  quel qu’il soit, s'accomplit toujours seul. Vous allez explorer, modifier ce qui en vous, ne vous convient plus et aller vers un objectif qui vous ressemble. Le livre, à mon sens, est une passerelle entre notre raison et notre intériorité. D’ailleurs, dans un travail thérapeutique, nous allons pouvoir choisir de manière stratégique les livres conseillés, car chaque contenu de livre n’aura pas la même portée selon où nous nous situons dans la thérapie. Le contenu nécessite d’être prêt à accueillir. Selon, nous pourrons choisir 3 types de registres d’œuvres: Les grands classiques composés des romans, les biographies, les fictions. A la base, ce type d’œuvre n’a pas vraiment vocation à soigner mais peut nous apporter un soulagement, ou un répit dans nos vies. Les livres orientés sur les considérations psychologiques sont des livres bien souvent marqués par un courant psychologique, comme les livres de développement personnel (ce sont actuellement les livres les plus demandés et les plus écrits). Pour finir, les livres liés aux auto traitements, ceux que l’on nomme les HelpSelf book. Les livres sont des  compagnons de vie, ils permettent de se mettre, quelques heures, en position Méta. Cette position, nous permet de regarder avec d’autres yeux, un autre point de vue, une problématique. Nous comprenons également que nous ne sommes pas seuls face à nos problèmes, tout en nous permettant d’identifier et de donner sens à notre vécu. 

Pour toutes ces raisons, je me permets de conseiller des livres aux gens, mais surtout à mes patients. Comme je vous le disais, les livres sont des amis, mais ils sont également un lien invisible qu’entretiennent deux personnes ayant lu le même livre, car le temps d’une lecture, nous aurons vécu la même vie. 

Mes 10 livres de chevet : 

- Le guerrier pacifique de Dan millman 

- La formule de Dieu de José Rodrigues Dos Santos

- Autobiographie d'un amour de Alexandre Jardin 

- Euréka street de Robert Mcliam Wilson 

- Journal d'un amour perdu de Eric Emmanuel Schmitt

- Donner un sens à sa vie grâce à la logothérapie de Viktor E. Frankl

- Le drame de l'enfant doué de Alice Miller 

- Open de André Agassi 

- Le choeur des Femmes de Martin Winckler 

- Ma voix t'accompagnera de Milton H. Erickson

+ 1 car je ne pouvais pas, ne pas le mettre : Mensonge sur le divan de Irvin Yalom 

Bon je m'arrête, mais il y a aussi les livres de Frédéric Lenoir... et de tant d'autres!

https://mondedulivre.hypotheses.org/1700

https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00641546/